Chapitre cinq
- Je sais que cela va vous paraître bizarre, mais je peux le jurer devant vous. Je ne suis pas raciste !
Eric Besson répéta la phrase en détachant chaque syllabe.
- Je ne suis pas raciste.
Emmanuel Leroy se tourna vers Lionnel Luca, qui à son tour regarda Philippe Olivier, enfin ce dernier lança un regard dubitatif à Emmanuel Leroy. Les trois seuls cadres à tendance « intello » du FR (France Renouveau, ex « les progressistes ») ressemblaient, à cet instant, plus aux Marx Brothers qu’à des anciens du GRECE, l’ancien Groupement de Recherche et d’Etudes pour la Civilisation Européenne.
- Je ne peux pas être raciste, car ma mère était libanaise, ma femme est tunisienne et moi je suis né à Marrakech. On fait mieux comme race pure, non ?
Hésitant un instant, Philippe Olivier prit la parole pour les trois compères :
- Mais cela nous va que vous ne soyez pas raciste ! On pourra ratisser plus large.
- C’est ce que je me suis dit… Murmura Eric Besson.
Puis plus fort …
- En fait, ce que tous ces cons de journaleux prennent pour de l’arrivisme, c’est juste de la tactique politique. La société est raciste et individualiste, et bien je surfe là-dessus. D’ailleurs, dans toutes les propositions « réac » qu’on entend en ce moment, je suis loin d’être le pire !
- A côté de Guéant, nous sommes des petits joueurs… confirma le député Luca.
- Oui, et d’ailleurs toi aussi à côté de tes ex copains Myard ou Ciotti, on ne t’entend pas beaucoup… lui dit Besson sur un ton du reproche.
- Qu’est-ce que tu veux que je fasse ?
- Ben, tu tapes sur les Arabes, les Roms, les basanés de toutes sortes.
- Je croyais que tu n’étais pas raciste ?
- Oui, mais il n’y a que vous qui le savez, ça…