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La grande déprime
1 septembre 2011

Chapitre quatre

Le téléphone posé sur la table de nuit l’avait réveillé dans la nuit, malgré les puissants somnifères avalés quelques heures avant.
L’homme somnolant décrocha, mais ne parla pas, attendant d’entendre la voix de son interlocuteur.

-    Dominique ?

Dominique Strauss-Kahn ne reconnut pas la voix de l’homme, mais l’intonation et l’accent français le surprirent, lui qui n’avait plus beaucoup de relations avec l’hexagone.

-    Oui. Qui est à l’appareil ?

-    C’est Arnaud.

-    Arnaud ? Quel Arnaud ?

-    Arnaud Montebourg. Vous vous souvenez ? Je suis au P.S.. J’organisais la fête de la rose dans les années 2000.

Dominique Strauss-Kahn eut un léger soupire, mais le conseiller territorial de Bourgogne ne pût déceler si c’était de mécontentement ou de satisfaction.

-    Que puis-je pour vous Arnaud ?

-    J’aurai besoin de votre bénédiction pour mon programme économique.

-    Quoi ?

-    Je voudrais que vous avalisiez mon programme économique.

-    Etes-vous sûr que cela ne va pas plutôt vous desservir ?

L’ancien patron du FMI se décida à allumer sa lampe de chevet. La chambre à coucher de la clinique " Pine Grove  la bien nommée", comme avait titré le Canard enchaîné, était vaste et luxueuse. Il se leva lentement et commença à la traverser en largeur, le téléphone à l’oreille.

-    Et d’ailleurs, pourquoi je vous rendrais ce service ? Je crois me souvenir que vous ne m’aviez pas épargné à l’époque.

Ce que DSK appelait pudiquement « l’époque » couvrait presque quatre ans de turpitudes, de hauts et de bas, depuis ses déboires au Sofitel de New York. Au départ, il s’en était bien sorti avec aucune condamnation et surtout avait remporté un énorme succès international avec son livre confession en forme de clin d’œil : Comment draguer quand on est riche et célèbre. Ce livre était resté en tête des ventes pendant des mois en Europe francophone et sa version américaine -The french womanizer- avait donné lieu à une hilarante adaptation de Ben Stiller.

L’ancien directeur du FMI en avait profité pour laisser tomber la politique et vivait de ses droits d’auteur et de diverses missions de consultant qu’il vendait à prix d’or pour différents organismes. C’est lors d’une de ses missions qu’il effectuait pour le CREDOC au Cap d’Agde qu’il avait salement rechuté. La version édulcorée de la vidéo avait été vue sur YouTube ou DailyMotion par des millions de personnes et il n’était pas difficile de trouver la version hard sur le web. DSK avait alors fait des excuses publiques et s’était engagé à se soigner. Il était depuis six mois au Mississippi, à la clinique Pine Grove, spécialisée dans le traitement des addictions des alcooliques et drogués du show biz, ainsi que des obsédés notoires comme Tiger Woods ou Michael Douglas.

-    On pourrait s’entraider ? reprit Arnaud Montebourg sortant DSK de ses pensées.

-    S’entraider à quoi ?

L’ancien chevalier blanc du PS marqua un temps d’arrêt, semblant réfléchir.

-    A exister…

Celui qui représentait l’incorruptibilité en politique n’avait plus aucun rôle important au niveau national. Il s’était rendu compte trop tard que si les Français aimaient les hommes politiques vertueux dans les sondages, ils ne votaient jamais pour eux…


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